Redynamiser le projet européen: un pacte équilibré pour l’UE à 27 est à portée de main

Herman Van Rompuy ad Janis A. Emmanouilidis, Le Soir (BE), 22.11.2017

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Les membres de l’UE devraient s’atteler à développer un accord global qui permettrait de donner un nouvel élan au projet européen, et de le protéger des forces œuvrant pour une Europe plus régressive, fermée et nationaliste. Une carte blanche d’Herman Van Rompuy et Janis A. Emmanouilidis.

Le débat sur l’avenir de l’Europe connaît actuellement un nouvel élan. L’ambitieux Leaders’ Agenda (Programme des dirigeants), approuvé par le Conseil européen, souhaite «  trancher le nœud gordien sur les thèmes les plus sensibles  » et redonner confiance dans le projet européen. C’est évidemment un pas dans la bonne direction que nous saluons. Mais en proposant un calendrier de décisions à prendre chapitre par chapitre, nous courrons le risque de manquer d’une vue d’ensemble et de ne pas trouver les solutions qu’exigent nos citoyens.

L’Europe ne peut se permettre de faire du surplace. Nous devons mettre fin à nos divisions sur la manière de poursuivre le développement de la zone euro, de gérer la crise des réfugiés, de défendre nos pays et notre continent. Nous devons saisir l’occasion qui s’offre à nous et envisager une nouvelle approche pour redynamiser l’Union européenne (UE). Une approche qui s’attaque à nos multiples blocages de manière globale pour élaborer un pacte équilibré qui dépasse nos lignes rouges. En élargissant le champ du Leaders’ Agenda à plus d’un domaine à la fois, nous pouvons trouver cet équilibre entre les intérêts divergents et les sensibilités respectives des Etats membres. Nous avons besoin de compromis politiques transversaux pour que l’UE puisse mieux servir et protéger ses citoyens.

Un Pacte comme point d’équilibre

Car de nouvelles crises verront le jour. Nous ne savons juste ni quand ni de quelle manière elles nous frapperont. Bien qu’empêtrés depuis des années dans une impasse politique sur plusieurs fronts, nous sommes aujourd’hui convaincus que l’élaboration du pacte équilibré dont nous avons tant besoin est à portée de main. Ce pacte, présenté dans le dernier rapport de l’initiative du Nouveau Pacte pour l’Europe, couvre aussi bien les questions économiques et sociales que migratoires et sécuritaires. Il est le résultat de plus de 120 débats nationaux et transnationaux organisés dans 17 Etats membres depuis 2012. Ces échanges ont permis de cerner les sujets qui alimentent les inquiétudes et les divisions tant entre les Etats membres et qu’en leur sein. L’analyse des expériences diverses et des perceptions variées des Européens a mis en lumière les éléments constitutifs d’un pacte global, ambitieux mais réaliste. Ce pacte se veut un point d’équilibre, une clé de voûte au-dessus des idéologies divergentes et des priorités politiques concurrentes. Il se fonde sur des solutions concrètes dans le respect des Traités européens actuels.

Nous partons du principe qu’une coopération différenciée entre les Etats Membres restera une caractéristique majeure de l’intégration européenne. De fait, la mise en œuvre du pacte présenté dans le rapport aboutira à une intégration plus différenciée. Différents groupements d’Etats membres intensifieront leur coopération fonctionnelle dans certains domaines tel que prévu par le Traité de Lisbonne. Par moments, c’est la seule solution. Une Europe à plusieurs vitesses doit toutefois demeurer l’exception et l’unité, la règle. Il faut surtout éviter l’écueil d’un « noyau dur » européen qui n’inclurait qu’un petit groupe fermé d’Etats membres, car cela n’est ni réaliste (qui ferait partie de cette avant-garde ?), ni souhaitable.

Nous ne trouverons pas d’accord entre le Nord et le Sud en faveur de nouvelles réformes de la zone euro, ou entre l’Ouest et l’Est sur la question de la migration si nous ne sommes pas capables de combiner solidarité, responsabilité et sécurité d’une façon qui satisfasse tous les membres de l’UE. Et si nous échouons à mieux protéger les Européens, ils feront le choix du protectionnisme et du nationalisme, alors même que la mise en cause de nos économies ouvertes se fera au prix de notre prospérité. Pour aller de l’avant, nous nous devons donc de trouver ce juste équilibre entre responsabilité et solidarité, sécurité et solidarité, souveraineté nationale et intégration, ainsi qu’entre croissance et cohésion, ouverture et protection.

Une fenêtre étroite

La fenêtre d’opportunité dont nous disposons est très étroite. Nous nous devons d’être prêts avant les prochaines élections européennes. Si nous ne parvenons pas à montrer de résultats tangibles au niveau de l’emploi, de la migration, du dumping social, du changement climatique, du terrorisme et de la corruption, les populistes prospéreront. Ces derniers ont perdu certaines batailles, mais ils n’ont pas perdu la guerre. Les forces œuvrant pour une Europe plus régressive, fermée et nationaliste sont encore vives. Nous pouvons les battre si nous parvenons à élaborer et adopter un pacte équilibré qui nous sorte de l’impasse. En cherchant des solutions au-delà des fractures idéologiques et d’une vision parcellaire des problèmes, nous pourrons répondre aux insécurités et réduire les inégalités. Nous serons alors en mesure d’affaiblir les arguments qui nourrissent les populistes et de démontrer à nos concitoyens les bénéfices d’une Union intégrée.

Il nous faut donc nous mobiliser rapidement pour renforcer le rôle protecteur de l’Europe avant l’avènement des prochaines tempêtes. Il ne s’agit pas de réinventer l’Europe, mais bien de la redynamiser et de la préparer aux défis du monde à venir. Nous devons convaincre les Européens de la valeur ajoutée et des valeurs de notre Union. La coopération européenne n’est pas une idéologie ; c’est une nécessité dans un monde interdépendant dans lequel chaque pays ne peut individuellement défendre ses intérêts et ses valeurs. Nos citoyens expriment un soutien accru à l’Europe depuis le référendum du Brexit. Ils savent dans quel écrin se forgera leur avenir. Ils ont moins peur que bien des décideurs politiques.

L’heure est venue de trouver un compromis sur l’avenir de l’Europe. L’heure est venue d’en appeler à la vision et à la détermination de nos responsables politiques, à leur habileté à saisir le moment d’agir. Il est temps d’être courageux et d’avancer, pas en 2020, mais au plus vite. D’ailleurs, nous sommes convaincus, malgré l’échec des négociations à Berlin, qu’un accord européen en 2018 et une initiative franco-allemande sont possibles et iront dans ce sens. C’est notre crédibilité collective qui est en jeu. Il est temps pour nous tous de répondre à cet appel. Il reviendra alors aux générations futures de nous juger.

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